La vie professionnelle réserve parfois de grandes et bonnes surprises.
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La vie professionnelle réserve parfois de grandes et bonnes surprises.
Avoir eu la chance d’inviter en France et d’accompagner au quotidien Mikhaïl Gorbatchev fut un honneur et un moment inoubliable.
L’histoire est simple. De passage à Moscou début 93, j’apprends par mon correspondant que l’ex-Président ne serait pas le bienvenu à Paris. Edouard Balladur, Premier Ministre ne tient pas à froisser Boris Elstine et François Mitterrand ne veut pas « faire le premier pas ». Bref, il y a une opportunité d’inviter à titre personnel le Président Gorbatchev et son épouse Raïssa Gorbatcheva.
Ma première rencontre – en anglais - avec Gorbatchev, fut un long moment émouvant. Il voulait tout savoir sur l’actualité de la vie politique en France et bien sûr, mes motivations.
Quelques réunions de calage, une lettre de recommandation pour son « ami » Charles Pasqua (qui me sera bien utile), une liste de personnalités et journalistes à rencontrer: un vrai programme de visite « privée ». Il se charge de prévenir Le Président Mitterrand qui ayant beaucoup à se faire pardonner (reconnaissance du coup d’état de 91…) met les petits plats dans les grands et l’invite pour la balade rituelle de Solutré.
Avec mon assistante, Véronique, nous avons un mois pour tout organiser : les rendez-vous, la sécurité, l’hôtellerie (7 personnes), les voyages (avions privés), les visites pour Raïssa Gorbatcheva avec Hélène Attali, les sponsors pour des déjeuners et dîners privés…
Et à l’arrivée, le bonheur d’accueillir le Président, de l’installer dans sa suite au Royal Monceau, de préparer en tête à tête chaque matin les entretiens de la journée, de faire le point chaque soir au bar de l’hôtel avec ses conseillers, médecin, gardes du corps, avant de rejoindre sa suite où la conversation se poursuit plus doucement, porte entre-ouverte du bureau sur la chambre pour veiller sur Raïssa. Seule point noir de cette visite, la maladie de Raïssa, très reconnaissante auprès de mon épouse qui lui fournit ses médicaments.
Organiser les rendez-vous avec les personnalités fut un exercice quasi diplomatique.
Chacun fut fidèle à sa réputation.
Discrétion teintée d’hypocrisie pour l’Elysée.
Arrogance pour Giscard qui souhaitait que ce soit Gorbatchev qui sollicite un entretien et qui après en avoir rabattu n’a pas eu la correction de sortir de son bureau pour accueillir mon hôte.
Enthousiasme pour Jacques Chirac, qui descendit quatre à quatre les escaliers de l’Hôtel de Ville pour embrasser son illustre visiteur.
Tout le monde voulait voir l’homme qui mettait fin à la guerre froide.
Parmi les membres du gouvernement Balladur, seule Simone Veil nous a rejoint avec son mari pour un dîner très privé sur la Belle Vallée.
Coté médias, c’était bien sûr le trop plein. Gérer l’agenda des interviews m’a valu bien des menaces et quelques solides ennemis parmi les stars de la profession.
Mais quel bonheur d’avoir croisé un formidable personnage si attentif et bienveillant
Il va maintenant retrouver celle qu’il aime, après avoir changé le monde.
Au revoir Président
Jean-Pierre PIOTET - Vice-Président de l'AFTS+
Ému et nostalgique